Ouest Népal
De retour de Kathmandou, et bien sûr heureuse d’avoir pu donner du bonheur à ces enfants et en même temps marquée par ce que j’ai vu et je me sens impuissante face à cette misère. En ce moment il fait très froid dans cette région, combien d’enfant j’ai vu greloter et pleurer, combien de vêtements j’ai vu déchirés et combien de chaussures trouées. Je ne peux être insensible à ça et quand je retourne en Suisse c’est toujours très dur cette différence de vie.
Pour arriver à l’ouest du Népal, c’est déjà une expédition, nous devons prendre 2 avions dont 1 petit de 12 places qui vole seulement en cas de beau temps et c’est assez impressionnant car nous survolons très bas les montagnes.
L’acheminement du matériel se fait aussi par avion, plus de 1500kg, c’était une grosse organisation et j’ai envoyé 3 personnes avant pour qu’elles réceptionnent la marchandise et surtout, pour trouver 25 porteurs locaux qui nous coûteront moins chers (pas besoin de payer les billets d’avions).
Nous sommes au Népal, il faut de la patience pour avoir quelque chose, depuis le temps que je travaille là-bas, je sais qu’il faut déconnecter ma tête d’européen, c’est à moi de m’adapter !
Le 21 décembre nous partons avec nos 27 porteurs, 2 docteurs, 1 cameraman et le team de l’association du Népal pour une journée de marche et arrivons à Bam. Journée qui a été en fait, très très longue, sommes arrivés à 21h ! Je ne les ai pas lâchés, c’était important pour moi de les motiver.
Le lendemain, ils avaient oublié leur souffrance, j’ai donné à tous les porteurs un bon salaire, ainsi qu’une veste.
Bam, je m’en rappellerai toute ma vie, 3 jours pas évidents, pas de toilette dans le village ! Il y avait du monde partout, on dormait dans un endroit très rustique et bruyant.
Les villageois nous attendaient de pied ferme et même ceux des villages lointains !
Les 2 docteurs ont commencé à examiner les gens, plus de 500 personnes ont pu être reçues, les plus gros problèmes étaient le froid, la grippe et la digestion. Nous avons pris en charge 2 cas plus graves pour les soigner à Kathmandou, l’association paiera tous les soins et le transport.
Pendant ce temps nous devons être parfaitement organisés pour la distribution du lendemain, nous enlevons tous les plastiques et papiers de journaux pour laisser le moins de déchets possible par terre, car ils n’ont aucune éducation, ils n’ont pas appris à les mettre dans les poubelles.
Le Jour « J » arriva, 2 colonnes, 3 personnes par colonne pour distribuer et des bénévoles pour assurer le bon fonctionnement de la file. Dix, puis trente, puis cent et plus tard plus de 1000 enfants étaient présents. A chacun d’entre eux nous avons offert doudoune, pull, pantalon, chaussette, livre, cahier, brosse à dents, dentifrice, chaussure.
Aucun d’entre eux m’a dit merci, mais je le savais, ils ne l’ont pas appris.
Mais leurs regards émerveillés et leurs sourires remplaçaient les mots ! Ils s’empressaient de porter leurs tenues et courir partout tellement ils étaient heureux. Il y avait des doudounes roses et bleues dans tout le village.
A la fin, la distribution n’était plus gérable, ils devenaient malhonnêtes, l’atmosphère était devenue pesante, les femmes auraient tout fait pour avoir même un stylo. C’était lourd pour moi et pour le team mais si j’étais dans la misère, je ferais peut-être la même chose ????
Nous n’avons pas pensé qu’il y aurait autant d’enfants et bien sûr qu’il nous a manqué du matériel ! Mais nous avons pris contact avec chacun des chefs des villages et nous serons bien plus organisés pour la prochaine distribution, nous saurons exactement combien il y aura d’enfants à chaque village. Ce n’est pas une défaite, nous avons appris comment ça se passe et nous serons encore plus forts.
C’était dur cette fin de soirée, tout le monde était autour de moi, j’étais la seule touriste, j’étais l’attraction… Certains me disaient que c’était la première fois qu’ils avaient une aide comme ça, ils étaient impressionnés.
Le Lendemain nous formons deux équipes, une avec Pemba pour faire une distribution de vêtements dans un autre village plus bas et une autre avec moi pour marcher jusqu’à Simikot. Nous avons gardé du matériel pour donner du bonheur dans d’autres endroits.
J’étais heureuse de quitter Bam mais le trajet pour Simikot a été loin d’être facile, neige, glace, logements avec les familles et nous portons 25 kg chacun.
Combien de glissades nous avons fait avec nos charges, nous en rigolons par moment et parfois c’était vraiment très dur.
Un matin je ne sais pas pourquoi je me suis dit, tiens on va aller voir ce village plus haut qui n’était pas sur le chemin, il était tôt et il faisait très froid ! J’ai vu en quelques secondes la pauvreté ! Comment peut-on vivre comme ça ? J’en ai encore la boule au ventre de voir ces enfants greloter, ces bébés pleurer. Ils n’ont rien ! Nous leur avons donné le reste de notre matériel. Ils ont aussi un gros problème avec l’eau car ils doivent aller la chercher très loin !
Nous allons y retourner l’année prochaine pour leur poser une conduite d’eau et habiller chacun d’entre eux.
L’arrivée à Simikot fut émouvante, après 4 jours de marche intense et éprouvante du matin jusqu’à la nuit, sous une tempête incroyable et avec des températures dans les chambres de -8 degrés. J’étais vidée !
J’aimerais remercier du plus profond de mon cœur vous tous les donateurs et donatrices, mes amis népalais, Pemba, Nima et Tharwa pour leur grande aide et leur travail sans limite.
Et ma grande amie Tsumo, tu as quitté ce monde mais tu m’as permis d’avoir une nouvelle mission, celle d’aider les gens de ton pays et j’ai enfin donné un sens à ma vie !
Aider est loin d’être facile, c’est beaucoup de travail ! Et ce qui est important pour moi c’est de respecter chaque centime des donateurs. On a encore beaucoup de travail dans cette région mais ma motivation est là, je ne peux pas et ne veux pas les laisser tomber !
Merci à Patrick, Christelle et Sandro qui font un énorme travail.
Nous organiserons un repas de soutien le 16 mai prochain, nous vous indiquerons le lieu plus tard, réservez votre soirée c’est pour une bonne cause et nous vous passerons un petit film de cette belle aventure.
Après le verbe aimer, aider est le plus beau verbe du monde.
A très bientôt et un très grand merci
Karine